L’Union de 1596 avec Rome

 

En octobre 1596, les responsables de l'Eglise d'Ukraine, réunis en Synode, ont approuvé l'union de leur Eglise avec Rome. L'acte de l'entente à ce sujet avait été signé à Rome le 23 décembre 1595. Mais à cette époque, cette Eglise portait encore le nom d'Eglise ruthène, ce qui peut prêter facilement à confusion.

L'Ukraine faisait alors partie de la couronne de Pologne, de même que la Bélarus et la Lituanie. Bien que le nom "Ukraine ", utilisé depuis 1187, rentrait de plus en plus dans l'usage en Europe, le premier nom de ce pays, la Ruthénie (Rous'), était toujours utilisé. L'Eglise et notamment Rome, conservatrices par excellence, n'utilisaient pas la nouvelle dénomination, elles s'en tenaient à l'appellation initiale : en latin " Ruthenia " ou " Russia " (cette dernière traduction latine du nom médiéval de l'Ukraine n'a rien de commun avec la Russie qui s'est formée plus tard : dans l'ancienne possession de la Rous, où s'est formée la Moscovie, on a commencé à utiliser le nom " Rossia" à partir de la seconde moitié du XVe siècle).

Dans le document latin du 23 décembre 1595, on peut lire effectivement : " Constitutio super Unione Nationis Ruthenae cum Ecclesia Romana. ... Ego humilis Hypatius Pociey Dei Gratia Protothronius Wlodomiriensis et Bresiensis Episcopus in Russia Nationis Russorum seu Ruthenorum... " Dans un document du 23 février 1596, en plus de "Episcopi Nationis Ruthenae seu Russae ", est mentionné également le chef de cette Eglise " Michaelis Archiepiscopi Metropolitae Kioviensis et Haliciensis... "

L'Eglise ruthène (ou ruthénienne) du métropolite de Kyïv et de Halytch (en Galicie) s'étendait en fait également sur le territoire de la Biéloruthénie (la Ruthénie blanche ou Bélarus d'aujourd'hui) qui faisait partie de la Lituanie et de la Lituanie elle-même. La ville de Brest, qui avait fait partie de la principauté de Volhynie (donc de l'Ukraine), avant d'être annexée par la Lituanie (d'où l'appellation Brest-Litovsk), se trouvait près de la frontière entre l'Ukraine et la Biéloruthénie.

L'Union de Brest était donc limitée aux territoires de la couronne de Pologne. Quant aux Ruthènes de la Transcarpatie, qui faisait partie de la Hongrie, n'étant pas concernés par cette union avec Rome, leurs prêtres décidèrent de signer l'Union le 24 avril 1646 à Ouzhorod. La Transcarpatie fait aujourd'hui partie de l'Ukraine.

Ainsi, les catholiques du rite byzantin et le Vatican ont célèbré en 1996, le 400e anniversaire de l'Union de Brest et le 350e anniversaire de l'Union d'Oujhorod (Uzhorod). A cette occasion, le pape Jean-Paul II a rendu publiques deux lettres, l'une adressée au chef de l'Eglise gréco-catholique ukrainienne, Mgr Myroslav Ivan Loubatchivskyi et la seconde adressée à Mgr Ivan Semediï, évêque ukrainien de Moukatchiv, en Transcarpatie. Cette dernière lettre a provoqué une réaction d'une association de personnes originaires de la Transcarpatie. En effet, le Vatican fait une distinction entre l'Eglise ukrainienne et l'Eglise ruthène, distinction qui semble être politique et qui peut avoir des conséquences de caractère politique au détriment de l'unité de la nation ukrainienne.